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Quelle stratégie alimentaire adopter avec un capteur de glycémie continu (ex : freestyle libre) pour stabiliser votre énergie en compétition

Quelle stratégie alimentaire adopter avec un capteur de glycémie continu (ex : freestyle libre) pour stabiliser votre énergie en compétition

J'utilise un capteur de glycémie continu (CGM) — comme le FreeStyle Libre — depuis quelque temps lors de mes entraînements et compétitions, et je peux dire sans hésiter que c’est un véritable game changer. Mais attention : le CGM n’est pas une baguette magique. C’est un outil puissant qui, bien utilisé, permet d’adapter finement son alimentation pour stabiliser l’énergie en compétition. Voici ma stratégie pratique et réfléchie, fondée sur mon expérience et sur des principes physiologiques clairs.

Comprendre ce que vous regardez

Avant toute chose, il faut bien intégrer deux choses essentielles :

  • Le capteur mesure le glucose interstitiel, pas directement le glucose sanguin. Il y a un décalage d’environ 5–15 minutes selon l’intensité d’effort.
  • Un chiffre isolé est peu utile : je regarde surtout la tendance (flèche montante, stable, descendante) et le rythme de variation.
  • Autrement dit, un CGM vous donne des alertes et des tendances, pas une indication absolue à chaque instant. Mon principe de base est : anticiper, pas corriger à chaud (sauf hypoglycémies manifestes).

    Avant la compétition : calibrer vos zones et tester

    Il est vital d’utiliser le CGM plusieurs semaines avant d’en dépendre en compétition. J’ai défini mes zones personnelles en observant mes réponses à différents repas et séances :

  • Zone stable optimale (pour moi) : 5–7 mmol/L. D'autres peuvent être confortables entre 4,5 et 8 mmol/L selon la tolérance.
  • Seuil bas (alerte) : <4 mmol/L — je prévois une action rapide (30–60 g glucides rapides si symptômes).
  • Seuil haut : >10 mmol/L — souvent non critique en compétition courte, mais à surveiller pour fatigue et perf.
  • Testez différentes stratégies de chargement en glucides 24–48h avant l’épreuve : repas riches en glucides complexes, apports protéiques pour la satiété, et vérifiez comment votre courbe glyciémique réagit. Notez ce qui crée des « pics » (repas très sucré, boissons énergétiques à jeun) et ce qui maintient une courbe lisse (avoine, patates douces, riz complet, protéines maigres).

    La stratégie 2–4 heures avant le départ

    Mon approche est simple : viser une glycémie stable et légèrement ascendante au départ. Concrètement :

  • Repas 3–4h avant : glucides complexes + protéines + un peu de graisse (ex. bol de riz complet + poulet + avocat). Objectif : pas de pic, mais des réserves.
  • Collation 60–90 minutes avant si nécessaire : 20–40 g de glucides rapides à absorption moyenne (banane + yaourt, barre énergétique low-FODMAP). Surveillez la flèche : si la glycémie descend, mieux vaut prendre une petite prise plus tôt.
  • Évitez les boissons très sucrées immédiates sans test : elles créent souvent un pic suivi d’une chute brusque pendant l’effort.
  • Pendant la compétition : lire les tendances et anticiper

    Sur course ou match, je n’agis pas sur un chiffre isolé. Je regarde :

  • Flèche descendante rapidement : prévoyez 15–30 g glucides rapides (gel, boisson glucidique concentrée, petit morceau de fruit) avant que les performances ne chutent.
  • Flèche stable ou légèrement montante : pas d’apport immédiat, continuez l’effort.
  • Flèche montante rapide : ralentissez l’apport en glucides ; privilégiez eau + électrolytes jusqu’à stabilisation.
  • Petit rappel quantitatif pratique (adaptable selon votre poids et intensité) :

    SituationAction
    Glycémie <4 mmol/L ou symptômes d’hypo15–30 g glucides rapides (gel, sucre, boisson), recontrôler 10–15 min
    Flèche descendante rapide (4–5 mmol/L)10–20 g glucides rapides + consommer progressivement
    Glycémie stable 5–7 mmol/LRester hydraté, pas d’apport supplémentaire sauf besoin énergétique
    Glycémie >10 mmol/LLimiter apports sucrés ; hydratation, laisser la courbe redescendre

    Choix des glucides : pas tous égaux

    En compétition, j’aime utiliser une combinaison :

  • Glucides rapides (dextrose, maltodextrine, gels) pour augmentation rapide.
  • Boissons isotoniques pour apporter glucides + électrolytes sans grosse osmolarité.
  • Aliments à absorption progressive (barres, bananes) pour éviter montagnes russes glycémiques quand la compétition est longue.
  • Astuce : mélanger maltodextrine (rapide mais sans sucres simples) et un peu de dextrose peut réduire le goût sucré tout en apportant de l’énergie rapidement.

    Utiliser les alarmes et applications intelligentes

    J’ai configuré des alarmes sur mon application pour être prévenu des baisses rapides. Les algorithmes donnent parfois des prédictions (où vous serez dans 15–30 min). Je m’en sers pour anticiper une prise de glucides 10–15 minutes avant la vraie chute. Attention à ne pas devenir esclave : le feeling et les sensations corporelles restent primordiaux.

    Après l’effort : réapprovisionnement et récupération

    Les 30–60 minutes après la fin d’un effort sont cruciales pour la reconstitution des réserves :

  • Objectif : 0.3–0.5 g/kg de glucides dans la demi-heure si vous enchaînez plusieurs sessions.
  • Associer une source de protéines (20–30 g) pour favoriser la récupération musculaire.
  • Le CGM me permet de voir si la glycémiere remonte correctement. Un maintien bas prolongé indique que je dois prioriser une collation riche en glucides. À l’inverse, une hyperglycémie post-exercice peut indiquer une libération excessive d’hormones de stress (sous-entraînements, stress de compétition) — dans ce cas, calmer l’apport sucré et favoriser protéines/lipides sains.

    Points de vigilance et limites

    Quelques précautions personnelles que je respecte :

  • Ne pas changer totalement de stratégie le jour J : testez en entraînement.
  • Surveiller signes cliniques d’hypoglycémie (tremblements, confusion) et agir rapidement, capteur ou pas.
  • CGM ne remplace pas un avis médical si vous avez un diabète ou une pathologie métabolique.
  • Enfin, sachez que la variabilité individuelle est grande : certains athlètes performent mieux avec des glycémies plus basses, d’autres mieux avec des valeurs maintenues élevées. Le CGM permet justement de personnaliser.

    Trucs pratiques que j’ai adoptés

  • Faire une photo/commentaire dans l’app à chaque prise (repas, gel, sensation) pour apprendre les corrélations.
  • Préparer des sachets avec 20–30 g de glucides rapides (gels ou bonbons) pour interventions rapides.
  • Pensez à l’emplacement du capteur : bras vs arrière du bras selon le sport (contact, friction).
  • Utiliser un brassard ou pochette pour garder le téléphone accessible et voir les tendances sans perdre de temps.
  • Le CGM m’a permis d'arrêter de "deviner" quand j'avais faim ou quand j'avais besoin d’un gel. En compétition, l’anticipation basée sur la tendance glycémiquement observée me donne une confiance supplémentaire : je gère mieux mon énergie, j'évite les coups de mou, et je récupère plus vite après l'effort. Si vous décidez d’essayer, faites-le progressivement, testez vos seuils et, surtout, adaptez la stratégie à ce que vous ressentez sur le terrain.

    Pour en savoir plus, j’ai partagé d'autres fiches pratiques et cas concrets sur Sportfitnutrition où je décris des exemples de journées alimentaires et des protocoles selon la durée et l’intensité des épreuves.

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